Cette semaine, je suis allée dans les montagnes à deux reprises. Lundi, j’ai fait la connaissance de Beinn Tulaichean et de Cruach Àrdrain, deux sommets du parc national du Loch Lomond et des Trossachs près de Crianlarich. C’était ma première sortie à double sommet. Aussi, ma première sortie sans chemin: l’un des éléments qui m’angoissait le plus pendant la préparation.
This week, I went to the mountains twice. On Monday, I climbed Beinn Tulaichean and Cruach Àrdrain, two peaks in the Loch Lomond and The Trossachs National Park near Crianlarich. It was my first double-peak outing. Also, my first outing without a path: one of the things I was most anxious about during the preparation.









L’ascension depuis Inverlochlarig est plutôt à pic. Le flanc de Beinn Tulaichean est couvert de fougères et le « chemin » n’était pas facile à repérer ou à suivre. J’étais nerveuse, « dans ma tête » et insécure, et j’ai grimpé trop vite. Après trois-quart d’heure, le mal de coeur s’est installé. J’ai marché avec la nausée pendant un peu plus d’une heure, mais j’ai éventuellement dû m’arrêter et attendre que ma barre-tendre-déjeuner se calme dans mon estomac. Dans tout ça, j’ai été chanceuse, parce que deux marcheuses m’ont devancée pendant que je me reposais. J’ai suivi leur progression des yeux et elles ont dessiné le chemin vers le sommet (je mène une bonne vie!).
The climb from Inverlochlarig is quite steep. The side of Beinn Tulaichean is covered in bracken, and the “path” wasn’t easy to spot or follow. I was nervous, « in my head », and insecure, and I climbed too fast. After three-quarters of an hour, I felt nauseous. I walked with nausea for a little over an hour, but eventually had to stop and wait for my breakfast bar to settle in my stomach. In all of this, I was lucky, because two hikers got ahead of me while I was resting. I followed their progress from my rock, and they traced the path to the summit (what a good life).
La promenade entre le sommet de Beinn Tulaichean et de Cruach Àrdrain était de la pure joie. Le vent soufflait à un point où je devais me plier en deux et retenir mes bâtons qui virevoltaient comme un sac de plastique. J’adore marcher sur les arêtes de montagnes. Vent, pluie, brume, grêle: amenez-en, ça ne change rien à mon plaisir! Cet entre-deux – ni sommet, ni ascension – est un cadeau. Je m’y sens minuscule, surtout dans ce vaste espace sans traces humaines. Me reconnecter à ma réalité de fourmis est bon comme une gorgée d’eau fraîche: rien de flashy, mais salutaire.
The walk between the summit of Beinn Tulaichean and Cruach Àrdrain was pure joy. The wind blew to the point where I had to double over and hold on to my poles, which were flailing around like a plastic bag. I love walking on mountain ridges. Wind, rain, mist, hail: bring it on, it doesn’t change anything to my enjoyment! This in-between—neither summit nor ascent—is a gift. I feel tiny there, especially in this vast, human-free space. Reconnecting with my ant-like reality is like a sip of fresh water: nothing flashy, but beneficial.








Le sommet de Cruach Àrdrain est resté enrobé de brume – quelle beau moment. Les marcheurs parlent souvent de la « vue » depuis le sommet. C’est grandiose, oui, mais l’expérience de se trouver tout en haut dans un nuage est tout aussi féérique, sinon plus qu’une vue dégagée.
The summit of Cruach Àrdrain remained shrouded in mist—what a beautiful moment. Walkers often talk about the ‘view’ from the summit. It’s gorgeous, yes, but the experience of being high up in a cloud is just as magical, if not more so, than a clear view.
Cette promenade a duré environ 8h30. L’ascension a été mon premier moment en montagne avec des écouteurs – j’ai eu besoin de Andy Serkis et des aventures de Bilbo pour atteindre le sommet. La descente était mi-escalier, mi-glissade de boue, mais dans tous les cas très abrupte. Je voyais mon petit chemin tout en bas de la vallée – cette belle petite route qui longe la rivière – et je me rappelais de revenir là où mes pieds se trouvaient. Quel bonheur, cette petite route, une fois en bas!
This walk lasted about 8.5 hours. The climb was my first time in the mountains with headphones on—I needed Andy Serkis and the Adventures of Bilbo to reach the summit. The descent was part staircase, part mud slide, but either way, very steep. I could see my little path all the way down the valley—that beautiful little road that runs alongside the river—and I reminded myself to come back to where my feet were. What a joy, that little road, once I was on it!
« Je viens de descendre de là. Yé beau le chemin, hein! Vous le voyez pas? Ben moi non plus! Ah, c’est la plus belle route que j’aie jamais vu, ha ha ha! Du plat! Oh my gosh j’ai une couple d’heures de marche encore, au moins une heure – on verra, mais au moins j’suis sur du plat, là! Youpidoupi… »
« I just got down from there. What a nice path, eh? You don’t see it? Me neither! Ah, it’s the prettiest road I’ve ever seen, he he he: it’s flat! Oh my gosh, I still have a couple of hours of walking, at least one – we’ll see, but at least, I’m on flat ground now. Youpidoupi… »




Jeudi, j’ai grimpé les Cairnwell Munros, un trio de sommets où s’est installé un centre de ski. Càrn Aosda est le premier sommet que l’on grimpe via un chemin de pierres molles (scree) quasiment en ligne droite. En moins d’un heure, j’y étais (le stationnement se trouve à environ 600 mètres d’altitude, et le sommet seulement à 917 mètres).
On Thursday, I climbed the Cairnwell Munros, a trio of peaks that now house a ski resort. Càrn Aosda is the first peak, which you climb via a nearly straight scree path. I was there in less than an hour (the car park is at about 600 metres, and the summit is only 917 metres high).
Beaucoup de guides de randonnée lamentent l’état de The Cairnwell et de Càrn Aosda – les deux montagnes exploitées par le centre de ski. Après la route spectaculaire dans les vallons nus, je comprends que plusieurs personnes perçoivent ce développement comme une cicatrice. Si je ne cherchais que les belles vues du sommet, je penserais ainsi aussi. Mais la bruyère s’agrippe sur une grande partie du flanc des montagne et, au loin, les sommets se soulèvent: un océan vert aux moutons de brume. La beauté s’obstine.
Many hiking guides lament the state of The Cairnwell and Càrn Aosda—the two mountains operated by the ski resort. After the spectacular drive through the barren glens, I understand why many people perceive this development as a scar. If I were only looking for beautiful views from the summit, I would think so too. But heather clings to much of the mountainside and, in the distance, the peaks rise: a green ocean with plumes of mist. Beauty persists.






Le deuxième sommet, Càrn a’Ghèoidh, est plus loin du centre de ski. La marche pour y accéder est douce. J’ai passé la journée avec deux nouveaux amis: une marcheuse pleine de joie et un petit chien (Buddy l’enthousiaste attrapeur de cailloux). Que de belles discussions – leur présence a été un don inattendu et a apporté une profondeur toute spéciale aux pierres que j’ai déposées aux sommets. J’ai dédié ces montagnes à mon écosystème de bien-être à la maison: mon conjoint et nos deux minets, Obie et Ezio.
The second peak, Càrn a’Ghèoidh, is further from the ski resort. The walk to reach it is gentle. I spent the day with two new friends: a joyful hiker and a small dog (Buddy the enthusiastic stone catcher). What wonderful conversations—their presence was an unexpected gift and added a special depth to the stones I placed on the summits. I dedicated these mountains to my wellness ecosystem at home: my partner and our two kitties, Obie and Ezio.








Le troisième sommet, The Cairnwell, est accessible en longeant la crête des collines avoisinantes et est également desservi par un escalateur à skieur. D’ailleurs, quelques marcheurs nous ont rejoint ainsi. Des pylônes électriques peuplent le sommet, mais les vues n’en sont pas moins spectaculaires. Bref, ça a été une journée de rires, de chasses aux cailloux et d’histoires partagées.
The third peak, The Cairnwell, is either reached by a ridge walk or via a ski lift. A few people joined us this way. A couple of electricity pylons dot the summit, but the views are no less spectacular. In short, it was a day of laughter, rock hunting, and shared stories.











Après un mois en Écosse, j’ai monté 8 sommets. Au final, je n’en monterai pas 200, pas 100, ou peut-être même pas 50. J’ai préparé 283 tracés pour 283 sommets, j’ai plastifié près d’une centaine de « cartes maisons », et j’ai apprivoisé Basecamp et mon Montana 700i. Si je ne regarde que les chiffres, ce voyage sera un échec.
After a month in Scotland, I’ve climbed 8 peaks. In the end, I won’t climb 200, or 100, or maybe even 50. I’ve prepared 283 routes for 283 peaks, laminated nearly 100 homemade maps, and gotten to grips with Basecamp and my Montana 700i. If I look at the numbers alone, this trip will be a failure.
Pourtant, je choisis de définir la victoire autrement. La victoire, c’est d’oser vivre une expérience nouvelle. C’est de retourner sur les montagnes malgré les peurs, malgré la douleur, malgré les sources de fatigue imprévues, malgré les jugements (surtout les auto-jugements), malgré l’impossibilité des 283. De sortir marcher, encore et encore, autant de fois que possible, sans objectif plus clair que « d’essayer », et de vivre ainsi pendant 4 mois. De développer la confiance en mes capacités dans ce grand dehors inconnu, plutôt que de m’entraîner à me faire petite.
Yet, I choose to define victory differently. Victory is daring to experience something new. It is returning to the mountains despite the fears, despite the pain, despite the unexpected sources of fatigue, despite the judgments (especially the self-judgments), despite the impossibility of the 283. To go out walking, again and again, as many times as possible, with no clearer objective than “to try,” and to live like this for 4 months. To develop confidence in my abilities in this great wilderness, rather than making myself small out of habit.
Depuis mon arrivée, j’accumule les victoires: conduire sur les routes à rencontre où l’asphalte est à peine assez large pour mon auto, marcher 15 kilomètres sur des montagnes sans sentier, contacter des personnes qui ne me connaissent pas (cold calls / cold emails), et plus, et plus, et plus. Je suis venue ici pour rencontrer mes limites, et les repousser si possible. C’est correct de viser le sommet et d’aimer les grandes vues, sauf que je suis venue chercher quelque chose d’autre, ici : apprendre à aimer le chemin pour m’y rendre.
Since I arrived, I’ve been racking up victories: driving on narrow roads where the asphalt is barely wide enough for my car, walking 15 kilometers on mountains with no trails, contacting people who don’t know me (cold calls / cold emails), and more, and more, and more. I came here to meet my limits, and push them if possible. It’s okay to aim for the summit and love the big views. Except that, I came here looking for something different: to learn to love the journey.
À bientôt, mes ami-es 🙂 / See you soon, my friends 🙂





